Erotik Résistance
Textes 2021-2022

Erotik Résistance est un ensemble de textes — dont certains sont publiés dans la revue de création Cockpit — qui feront l’objet de lectures musicales (durée une heure), avec Laurent Friquet à la guitare. Ces textes font partie d’un recueil qui sera intitulé L’Éternité avec des chips (prose poétique, work in progress). Voir pierredenan.com/revue-cockpit

 


EROTIK RÉSISTANCE Lecture musicale 1 heure

Mouvement initié par la voix. Voix qui semble sur le point de s’éteindre, s’éteint, se fait entendre. Voix devient voix déclare la parole impossible. Être état chose étrange, ce que j’avais écrit. La visite d’un chantier, dans l’ordre du langage. Rapports privilégiés avec l’accident et le chaos, trajectoire dynamique. Mécanismes de survie en milieu hostile, chaque phrase est une destination. Lecture. Dispositif scénique, geste qui met en acte. Le corps verbal, je demeure immobile. Expérience indicible, articulée comme une syntaxe. Difficulté à prononcer un mot, arrivé sur le mot. Mot détruit par la bouche. Dans la bouche, un micro à la main. Flux tumultueux, énergie syncopée du récit. Musique. Boucles sonores, une guitare électrique. Déversement de décibels, ça vrille dans les aigus. Dissonance et itération, toute puissance des larsens. Notes dégradées, la nature du péril. Puissances du faux, la distance idéale. Quelque chose arrive qui était déjà là. Ce qui restait à dire, et qui est en avant. La prose ici, comme une fuite en avant. Ce matin je me suis levé, et c’est une épigraphe. Faire naître en soi, la tension vers la forme. Maintenant écoute.

SYNTAXE ET LATEX Présent qui s’éternise, Ava Gardner fait du shopping. Son smartphone dans une main, elle dit putain j’ai plus de batterie. Névroses consuméristes et elle achète un jean. Un masque Jean-Paul Gaultier, une robe tissée avec des chaînes. Jour blanc. De la musique avant toute chose, l’art poétique c’est du Verlaine. Opéra sous acide, j’erre en Prada dans les parkings. Désaffectés. Je fais des pipes dans les émeutes, je lis du Goethe je vote Modem. Néant nassé la tête au ventre, je mords ma langue chez H&M. Le ciel d’un gris livide, et une maîtresse en porte-jarretelles. Donne des coups de pied à son soumis, qui rampe sur la moquette. Comment elle le fouette ce fils de pute. Un sociopathe en salle de shoot, c’est No limit chez Marc Dorcel. Satan l’œil de côté, je veux niquer dans du sang. Pratiques récréatives, des filles dans le jacuzzi. Et toi tu danses au bout d’une laisse. L’absurdité acquise comme une évidence, y’a Dieu là-haut qui pointe la Terre : pénitence, pénitence, pénitence. Plaisir formel, clarté glaciale. Le syndrome de Stendhal, Les Trois Bougies de Marc Chargall. Le chien de Pierre Huyghe à la patte rose, lévrier blanc qui passe. Une vérité qui se déplace, écrit Vila-Matas. Ce qui s’expose corps dans l’espace, Espèces d’espaces. Psychose. Pensées flottantes, jusqu’à demain. Les têtes de mort de Murakami sur les murs de la galerie Perrotin, une assistante qui fait une crise. D’épilepsie. Le chien gardien des Enfers, je pouvais voir son ombre. Viens mon ange n’aie pas peur, entre ici dans mon Paradis. (Texte publié dans le numéro 9 de la revue Cockpit, février 2021)

PLUS-QUE-PARFAIT (DE L’INDICATIF) Toute volonté de fixation, un plan plongé de Gaspard Noé. Vortex. Fin de vie. Vieillards séniles c’est Alzheimer, La vie est belle spasmes mortels. Chant de l’enfance. Effet de sens, continuité formelle. Podium. Un mannequin qui avance, s’arrête devant les photographes. Mode sombre et néo-punk, la silhouette culte de la Converse. Revue par Rick Owens. Zone blanche. Un héritage, de rares dialogues. Un fils de pute qui transporte partout avec lui le cadavre de son père dans un cercueil en chêne et ça lui casse le dos. Viande froide. Ordre absolu et cœurs glacés, un vaste choix de vibromasseurs. Et le service des urgences, à la Pitié Salpêtrière. Combats. Le lobbie d’un hôtel, une réunion virtuelle. Villes nues et à distance, bientôt une nuit nouvelle. Cosmos. Proxima du centaure, toutes sortes d’acrobaties. Naine rouge. Tu fais quoi, aujourd’hui ? Je défonce ma thune dans les boutiques, et je me branle en Martinique. Asphyxie érotique, je suis pendu à une poignée. De porte. Électro sombre et obsédante, Homère se fait sucer par une escorte. Tout un lexique course d’Achille, ses sneakers Dior un vaste chant. Paris est sous acide, et l’air que tu respires. Particules fines, un Booster Shot. De la coke coupée au fentanyl, champ de vision périphérique. Opioïde synthétique, explorations urbaines. Couture nomade, des bouteilles de champagne. Des manteaux militaires, des robes-bustier sado-maso. Smokings-tuniques et des sosies, d’Édouard aux mains d’argent. Demain. Une Théorie de l’acquisition des biens, l’éternité si tu as faim. Un mec qui grimpe à l’échelle de Jacob, le trou laissé au ciel. Le sens de la révolte, j’ai un bon plan pour me faire chier. Stendhal, en écrivant La Chartreuse et pour prendre le ton, lit chaque matin deux ou trois pages du Code civil. La durée de chaque danse, le sillage post-moderne. Des points de croissance, la présence d’un vigile. La montée en puissance d’une folie sanguinaire et schizoïde mais qui, dans une certaine mesure, reste contenue et cadrée. Chaque heure, plus tard, combien de temps encore ? Bois ton sang rouge encore, épitaphe à présent. Oublier, faire silence — Cézanne, mais aussi Bob Morris. Applaudissons la lune montante, le vent léger qui souffle sur la phrase. J’avais été. 

LA CASSE ET LA LETTRE Un corps fasciste, un homme quelconque. Vachement bien lancé dans des circonstances éternelles, sérieux comme un mythe fondateur, raide comme une sentinelle. Qui se suspend par les pieds à des barres de traction. Lézards séchés en pendentif, chargé au Captagon. Totalitaire. Un squelette qui porte le maillot des Gunners, crispe les doigts sur son fémur. Des enquêteurs qui épluchent des rapports balistiques, des crânes de mammouths accrochés sur les murs. Cérémonies secrètes, stratégies de pouvoir, forces barbares, jungle au carré. Hermès. Des mecs qui soudent des mitrailleuses sur des pick-ups, un gourou du capitalisme avancé pris d’une sorte de transe. Un psychopathe qui refait son make-up et l’angoisse du vigile, devant le supermarché. Temps autrefois vécus, quelques faussaires dealers de sacs. Vuitton. Des statues de vendeurs de Kebab, les grandes toiles à paillettes de Robert Malaval. Un raccord maquillage, mon exemplaire de Rose Poussière. Écho lointain d’une vague d’émeutes, bagnoles cramées dans les cités, belles comme de l’art contemporain. Mythologie de la France, un épisode de Walking Dead. Un plan séquence, une vanité. Les anges rebelles en Premier League, le prénom du Messi c’est Lionel. Contrôle de balle gilets pare-balles, chambre Deluxe hôtel Meurice. Martèlement des tambours, les flammes qui dansent. Une pluie d’étoiles, la vie future. La nuit est bleue comme un Matisse. (Texte publié dans le numéro 8 de la revue Cockpit, janvier 2021) 

QUANT AUX MOTS SUPPOSEZ Covid-19 à la Santé, je mate BFM chez Mallarmé. Pulsions brutales, obscénités hyperboliques. Mangeurs d’étoiles réanimés, draps aux barreaux qui sèchent. Un mec qui taille un silex, jamais sorti de la grotte Chauvet. Pizzas livrées dans des cartons, désinfectés. Lumière blanche et sur le présent, surexposé. Tension hyperréelle, flagellations d’orties. John Galliano qui regarde ses chiens et qui se dit tiens, je vais faire un masque FFP2 en fausse fourrure pour Maison Margiela. Blanc. Il écrit des poèmes sur les ordonnances délivrées par son médecin traitant, médicaments les vers mêlés. L’avis de l’expert, au cœur de l’événement. Guerriers sous Lexomil, révolutions célestes. Le Spectateur émancipé, des délires de mythos. Les œuvres de Satan, Botticelli dans un taxi. Il lève les yeux sur un nuage, gorgé de sang. Mouvement ascensionnel de la composition, crise du logement au purgatoire. Les âges futurs et l’exposé des faits. Quelqu’un a quelque chose à dire, ce que parler veut dire. Des perspectives critiques, et la santé publique. Vaccin expérimental ciblant le SARS-CoV-2, et des mesures d’hygiène. Actes énonciatifs, attestation de déplacement. Dérogatoire. Un semi-remorque à plateforme avec des putes dessus, Saint Augustin avec un plug dans le cul, tenu en laisse par une drag-queen. Des raviolis farcis à la viande de poussin, et l’élan vers la chute. Épuisement de soi, la fiction collective. Des Kleenex usagés, des ordures psychopathes. Désert sans fin, quel Dieu sers-tu ? Duels épiques de l’Iliade, une séance de bondage. Les militants de la pulsion de mort s’agitent, pathologique. Les mégapoles illuminées et le fracas des armes, un consortium allemand qui achète l’Acropole. Les notices rouges c’est Interpol. Traînées de condensation dans le ciel serein, effondrement économique. La solitude et le confinement. L’appartement c’est politique, le teint livide et t’es baisé. Tu respires t’es baisé. La peur tu es baisé. Victime promise au sacrifice, avec une sonde dans la trachée. Et l’évidence que ce vécu. Magie de la rime et l’aile de l’ange, temps dispersé brut de langage. Voie de la science et la menace, conjuration et chloroquine. Les costumes sombres des porteurs de cercueils, bordés d’abîme. L’Enfer de Dante en DVD, Macron vomit à L’Élysée. (Texte publié dans le numéro 7 de la revue Cockpit, décembre 2020)

NI EN VERS NI EN PROSE Automne hiver et l’âge de Pierre, calendrier filles du Calvaire, Balenciaga prêt-à-porter. La couture lier la sphère céleste, je n’arrive pas à me lever. À écouter ce que tu dis. Pourquoi tu parles, qu’est-ce que tu dis ? Temps de l’Avent je suis défait, je passe mon temps sur FTV. Le défilé est permanent, un héritage ce fut un temps. Les mannequins qui titubent, l’unité signifiante. Plié, froissé, tendu. Épiphanies et natures mortes, le style français je sais pas ce que c’est. Les gens je sais pas qui c’est, je n’aime rien ça crée un vide. Livide. Dépôt de bilan je suis fini, un sédatif ça peut calmer. Une aide sociale ça peut aider. Services en ligne un formulaire, identité je coche les cases. CERFA c’est fait, produire des normes. Se fixer dans les normes, il se peut qu’aujourd’hui. Vas-y. Porte fermée c’est la misère, j’habite une chambre rue de Paradis. Pourrie. Fin de partie ma seule sortie, c’est au G20. Pouvoir atteindre on peut toujours, la main tendue dans les rayons. Et en sortant. Une créature post-humaine qui me demande si j’ai du feu et je dis non. J’oublie un peu la question de l’être pour me concentrer sur le fait d’avoir, plus tard dans la journée. Une livraison FedEx, une persistante obscurité. Un gant noir en latex, mécanique du récit. L’Empire des sens, que j’ai revu cette nuit. Un visage de madone, après une fellation. Un œuf dur dans la chatte, si un jour tu la baises. Strangulation je vais te tuer. Assez. La lumière bleue mon lit défait, et l’œil qui s’est éteint. Quelques rêves agités, je veux faire l’hypothèse. Changer de vie il s’avère que, j’habite une chambre rue de Paradis. Pourrie. Mal ventilée contaminée, et l’asphyxie est engagée.

D’ABORD ET AVANT TOUT Lecture d’Horace et par le livre. Une expérience vécue, son père esclave fut affranchi. La lutte des classes la guerre des races. Je t’en prie par les Dieux, et les vitraux de Sigmar Polke. Une quête mystique un fait divers, un criminel une cour d’assises. Quand t’es jugé première instance, on y célèbre la vérité. Ce qui se tient dans la grammaire, ce qu’ils ont à dire jusqu’à la fin. Putréfaction c’est viscéral, matières visqueuses contrat social. Crochet anal depuis toujours, jusqu’à demain collier à clous. Matières fécales et l’art vocal. Pointes de métal et à genoux. Rapports sexuels délires sectaires, obscénités mal à penser. Pas à penser. Rien à penser, formes textuelles. Démocratie pète le langage, la République au bord des lèvres. Syntaxe et réthorique, ceux qui punissent tout vrai langage. Agents de la peur et du chaos, les liens qui les unissent. L’ennemi qu’il faut frapper, tu le tiens par les dents. L’homme à soumettre et il s’efface, c’est transmissible et contagieux. Ceux qui vieillissent et ils se tassent. Un kit beauté de chez L’Oréal, du fond de teint pour ta face. Question du corps et par l’image, figures mythiques un footballeur, après un match. Leo Messie seul dans sa suite qui prend une cuite à la vodka, et qui appelle le room service. L’existence du héros, le poids d’une généalogie. Les derniers jours de l’occident, le divin César qui porte un patch. Détox. Fume des tarpés dans sa villa, regarde les news et sur la Fox. Réengendré par le poème, usage des mots pourquoi faut-il ? Les œuvres de Tino Sehgal vendues par transaction orale, un souffle articulé. Pensée en acte avec Artaud, « la parole en marteau ». Anatomie furtive. La chair lisse exposée, qui appelle la morsure. Stratégies d’écriture, l’arête vive du roman. Voix narrative et la praxis, théorisée par Aristote. Des ruptures syntaxiques et un essai philosophique. Une performance de Jean-Louis Costes, tape dans une balle avec Messi. Des filles en string dans les gradins, Costes et Messi sur le terrain. Dribbles fous d’attaquants au pressing, transe hypnotique et ils vomissent.

REPENTIRS ET AJOUTS Les Tétines Noires je suis la terre, Les 12 têtes mortes c’est à l’eau forte. Acide nitrique morsure directe. Fauvisme et Pense-bête, virus et roquettes. Chlorure ferrique et j’ai la trique, sang tête ni but je suis ta pute. Regard qui ne voit rien, Samuel Beckett imaginez. Un jour ne suffit pas, pareil aux autres allons-nous en. On ne peut pas. Tirs de mortier des rages soudaines, un mercenaire la chair humaine. Hélicoptère Apache, acquisition de cible. Missiles air-sol tire et oublie. Il rase tout un quartier et il s’arrache. Une performance glaciale, c’est un être agité. Cette chose qui monte en lui, le texte qui s’efface. Figure du narrateur, des traces à peine visibles. Menaces fantômes, la bulle spéculative. Un hacker asthmatique, la pensée catholique. Debout sur son clavier, pirate le Vatican. Toux sèche. Cheveux peroxydés, cybersécurité. Le Seigneur à la dérive, 2.0 ce qui arrive. La messe entière le sacrifice, l’épidémie courroux divin. Liturgie du vaccin, le messager c’est l’ARN. La Bonne Nouvelle c’est BioNTech, l’état d’urgence est sanitaire. Et la Passion sécuritaire. Anti Covid et QR code, variant Delta la lumière grise. L’ennui et le ralentissement, l’apparition de la page blanche. Tout acte créateur, localiser l’abîme. Qu’est-ce que je peux faire ? Tu te démerdes. Ton existence je sais pas quoi faire. Accélérée par le jump cut, une scène de baise dans un jardin. À la française. Et une paire de baskets portée par Kanye West, mise en vente chez Sotheby’s. Égo trip c’est ton corps, et la peinture des morts. Une biographie ta pierre tombale, une pluie battante vaincre le mal. L’homme et son théâtre, et c’est ainsi peut-être. La Warzone du Hellfest, l’incarnation du Fils. Son visage blême. Les cerisiers de Damien Hirst, le Double Fist de Mapplethorpe. Anal et lubrifié. L’axe de symétrie, deux mains dans le cul la veine aorte. Le sang pompé par le cœur, ce qu’il y a de vif en toi. Respire.

SÉPARÉ EN PIÈCES Le silence de l’aube, l’appartement dans la pénombre. Données mobiles, de la poussière sur le plancher. Les murs lépreux de la salle de bain, le matelas dans la chambre. Fenêtre ouverte et sur la cour. Le chant des sirènes qui s’est éteint, tu fais du tri dans tes archives. Électroniques. Stratégie de sauvegarde et le verbe habiter. Le rire des Dieux, le monde comme fable. L’économie de marché et l’abonnement au câble. Un homme en feu court dans la rue parce que tu regardes une série de merde, sur ton PC. Les stores baissés. Amplitude esthétique, offre soumise à condition. Opérateurs de sens, le bruit à l’intérieur d’une tombe. Énergie temps passé pensé les yeux ouverts à soi. Douleur qui veille, une dépression chronique. Mourir au canapé, des motifs génériques. Le corps dans sa présence, le ciel qui frappe aux vitres. Un fauteuil défoncé et des objets chargés, de valeur symbolique. Des flots de paroles hallucinées, la lecture des actualités. Affaires humaines, contemporaines, européennes. Perspectives de carrière, l’éternité avec des chips. Actes d’état civil, failles de sécurité. Une sensation de fin de soirée, et une série d’autoportraits. Fréquence cardiaque, l’art de la fuite. Des lieux gardés secrets, tu vas dans la cuisine. Vaisselle sale dans l’évier, tu te fais un café. La porte du voisin qui claque et une assiette de placenta. Dans le frigo. Des cris lointains, une attaque au couteau. Déchire-moi en morceaux, tu sais me faire pleurer. Jour dit du Dépassement de la Terre, l’humanité vit à crédit. Quelqu’un dit je baise la dette, et la poésie grecque. Des putains de poètes, jamais nulle part chez soi. Sonnerie de l’interphone, c’est le livreur de Monoprix. La bouffe, une boîte de masques, un pack de Cristaline, la Terre qui porte l’âme. Faits de langage, état des lieux. Un avoir-lieu, une échéance. Une vérité solide et simple, procédure planifiée. La vie vers le dehors, une valise dans l’entrée. Quelques averses en fin de journée, de la pizza dans un carton. Froide.

UN PASSÉ SIMPLE Vierge rouge du Titien, dynamique ascendante. Approche verticale du système de jeu, la preuve qu’il y a un ciel. Attrait mystérieux pour ce que le hasard fait avec les nuages, un ensemble qui demeure invisible. Les lois qui régissent l’Univers, et l’événement le plus banal. Guillaume Dustan : ben là je filme la porte, c’est pour montrer que c’est très joli. Et normalement ça fait pleurer. Développements libres la vie rêvée, l’avoir lieu et le presque tout. Le mot bleu de Bertrand Lavier, écrit en néon vert. Et le mot vert en néon bleu. Béatrice Dalle filmée par David Sims, et c’est en noir et blanc. Collection FALL pour Saint Laurent, par Anthony Vaccarello. Tension métaphysique, ce qu’on entend c’est le Requiem. De Mozart. Béatrice pleure, je bois une Tsingtao. L’actrice s’effondre, je me branle dans du foie de veau. Étoiles scintillantes sur la flamme, épiphanies d’instants perdus. Et ses yeux chavirés. Drame chargé d’émotion, l’origine du virus. Prière pour demander à Dieu le bon usage des maladies, contaminés donner un nom. De la Covid, encore de la Covid. La progression de l’incidence, l’excès de toute présence. Spoutnik et Pfizer, le fracas d’un orage. Des atteintes pulmonaires, entrer dans l’agonie. Attente fiévreuse, un diagnostic. Tourments d’une existence réelle, une expérience totale. Notes parasites, une première page. Souffle coupé, mesures barrière. Du fond du naufrage, la parole intérieure. Longtemps de bonne heure, panoramique sur l’horizon. Odyssée fantastique, des nénuphars dans la piscine. De Claude Monet. Paysages d’eau, toujours de la Covid. Et les sculptures de Valentin Carron. Formes vernaculaires, successions ordonnées. Brûlante affirmation d’humanité, une vérité factuelle : le texte que je lis va vers sa conclusion. Le mouvement accompli, éluder toute présence. Et penser : jusque-là. (Texte publié dans le numéro 14 de la revue Cockpit, septembre 2021)

GRAMMAIRE ET FICTION Une saison en enfer, un voyage immobile. Une lampe torche braquée sur une boule à facettes par un vigile dans un musée, qui vient de se faire un trait. De cocaïne et souviens-toi. Le mur détruit par la foule au marteau, idéal matriciel. Désenchantement après la chute, lecture géographique. Verticale gravitaire, l’éclat des immortels. Le Paradis de Tintoret, les grands défis contemporains. Le plan, le point, la ligne. Rapprochement d’éléments hétérogènes, tout l’ancien se déverse. Ces mille dernières années, et le flux du prompteur. Différentes avant-gardes, des questions stratégiques. Gestes plastiques, je me réinvente avec une bière. Un show de jeunes créateurs dans la cour d’une usine, désaffectée dans les Yvelines. Radical et domestiqué. Les lieux privilégiés du conformisme, des conclusions définitives. Et le relevé de ton compte bancaire. La culture populaire et les amphétamines. Un dîner au champagne, des carcasses de langoustes qui traînent sur le parquet, chez le collectionneur. Jamais un coup de dés et au sein même de la terreur. Champ socio-culturel, assemblées d’actionnaires. Hasard de la constellation, médiateurs culturels. Robert Rauschenberg qui efface un dessin de Willem de Kooning. Des protéines parfum vanille, et les sorciers du marketing. Rouages des systèmes de domination et de contrôle, réseaux de trafic d’organes, file-moi ce putain de fric. Une offre libérale, des mouvements prévisibles. Des migrants qui avancent sur une route des Hauts-de-France, peints par Claire Tabouret. Une nouvelle narration, se rendre à la lumière. Une salle éclairée au néon, des objets rassemblés. L’épave d’une Maserati, des toiles de tentes de sans-abris. Le contenu d’un sac aspirateur répandu sur le sol, un album de famille acheté sur eBay. Le mot PROPRIÉTAIRE gravé dans le béton, en lettres capitales. Biens matériels, des outils conceptuels. Motifs constants de l’œuvre, l’artiste avale un comprimé. De Mogadon. )Texte publié dans le numéro 17 de la revue Cockpit, janvier 2022)

LINGUISTIQUE ASSOCIÉS Ici comme ailleurs. Célébrations fastueuses, unités syntaxiques. Ce qui est partout communiqué. Débordements soudains, irréductibles à un discours. L’écriture fragmentaire, un plafond en acier. Des natures mortes, des fleurs fanées. Tout élément relié à l’autre, la puissance de l’espoir révolutionnaire. Réduit à néant. Un coach sportif désespéré, soumis à l’enchaînement des causes. La fuite du temps par Urs Fischer, et les anges noirs dans la poussière. Singularité féconde, contre l’empire de la nécessité. Les sculptures en glace d’Olivier Mosset, qui fondent. Reconfiguration incessante des positions, la Terre au centre, le coup d’envoi. Action offensive, élargir le jeu, repiquer dans l’axe. Obligation de recevoir le ballon dos au but et de marquer sur le retournement. Frappe sans contrôle, faire trembler les filets. Avec des mots. Le temps additionnel, soumis à un destin fatal. Œuvres complètes, si tu écoutes l’époque. Achète. L’art livré dans des boîtes en carton, pour 200 balles t’as un Buren. Préservatifs Jenny Holzer, de Shit.Must.Stop à Much.More.Shit. Notre robot vous a choisi de manière aléatoire comme possible gagnant exclusif, avec le vide les pleins pouvoirs. Événement décisif, les cendres du linceul. The Paper Bride c’est Poni Hoax, Nicolas Ker fait un crash-test. Alcoolisme et antidépresseurs, des visages évanouis. Baudelaire sur un T-Max, Rimbaud perché tout son espace. Prêtresses baroques soirée Gucci, spot de mythos PassNavigo. Une collection capsule, le vestiaire idéal. T-shirt à motif crâne, Pierre Paul Rubens au musée du Prado. Le démon vaincu par l’épée, un vieillard nu qui tremble au lit. Voilà. Totems, croyances et kit mains-libres. Ce qui advient par le verbe, faire des selfies avec les morts. Défoncé à Barbès, perdu au Grand Hôtel. Médiation de la forme, et les crypto-monnaies. N’importe quelle merde de Disney Channel et les jambes nues de Naomi Campbell. Mascara waterproof et elle se rase la touffe. Dressings déconfinés, les rimes les plus pourries. Maillot Kawasaki, de funèbres affects. Des soutiens-gorge en strass, ta mère à la ramasse. Quoi ? Je m’en bats les couilles de ta story, je mate du porno dans un taxi. Épopée inactuelle, le canal historique. L’éternité ne change, vitalité divine. Giotto ça me rend chrétien. Pour héritage nulle décadence, une robe de viande une seule image. Le vers s’efface et j’ai mille ans. (Texte publié dans le numéro 16 de la revue Cockpit, décembre 2021)

UNE EXPÉRIENCE ONTOLOGIQUE L’incertitude et la nécessité, ça part en couille et j’ai la dalle. Slurper les nouilles, je les avale. Udon et ramen, fortune et baptème. Le sacrement premier, le pape François devant un mur blanc, photographié par Richardson. Éclairs du flash, Terry s’arrache. François soulève sa tiare, la posture est cassée. Des vertiges exaltés, dévoiler le mystère. Et ce dont j’ai rêvé. La voix du fils, son suicide au Destop. Le corps à vif, la ligne pop. La seule couronne qu’il a portée, c’est celle perlée du gland. Mon cher Satan, la grâce divine. Tableaux violents, le roi du lieu. Lié à son trône. Une affaire de famille, nouvelles âmes de damnés. Le père assassiné, son carnet de santé. Les os percés par une visseuse dans un hangar à Villetaneuse. Oublie. Un écran accroché en hauteur dans un bar, et dans l’angle d’un mur. Ce « beau coin » où les icônes sont exposées chez les paysans russes. Le feu du ciel, tu te dévores le foie. Dieu polychrome, gouverné par la loi. Des cultes collectifs et le journal télévisé. Réminiscence d’un déjà-vu, les Talibans sont à Kaboul. Des canettes de Red Bull, le premier chant de ParadisM’élever par ta lumière, ce que cela signifie. Les prêtres et leurs fétiches, les autels déclassés. Les édifices sacrés, et les princes associés. Réalités virtuelles. Fêtes archaïques, et l’unité cosmique. L’œuvre du Christ par repentance, la danse qu’il organise. Mobilier liturgique, toutes les choses sur la terre. Le groupe Wagner, déployé en Afrique. Matraques télescopiques, embrouilles théologiques. Un apôtre gothique, badass dans une chapelle. Agenouillé sur un prie-dieu, en jogging Adidas. À bandes réfléchissantes. Prière. Une infection chronique et des barbus sur des pick-ups. Armés. Une présence maléfique, l’instinct du prédateur. Toute espérance et c’est féroce, mais peut-être demain. Votre signe, protégé par les astres, échappe aux microbes et aux bactéries. Un ange qui veille et je respire. L’adieu au monde et c’est l’enfer, Rimbaud qui brûle bien comme il faut. Et je m’offre au soleil.

CÉSURES ET SYNCOPES Système d’information, reconnaissance faciale. Intelligence artificielle, comportement des citoyens. Notés. Crédit social individuel, collecte des données. Exponentielle. Sac commando de 120 litres, et apprendre à courir. Limite extrême du déchirement, le poids de ce qu’il faut consentir. Pénalités, valeurs actuelles. Stratégies de résistance, le vide réalisé. Antoine d’Agata en slip debout le long d’une voie ferrée, et qui rafale un TGV. Qui passe. Pas d’esprit pur ni de bien en soi, le ciel soudain fermé. L’individu interpellé, les données du récit. Fusil d’assaut et mode d’emploi. Chaos rampant, toute trace d’humanité. Squelette de mains et avant-bras en bois de cerf sculpté, des menottes aux poignets. Champ sémantique idéologique, réalité conquérante du verbe. Le disparaître, et la résolution finale. Je suis le garçon possesseur du don de se rendre invisible, écrit Joyce dans Ulysse. Unité de l’œuvre, qui a pour centre sa possibilité. Dépouiller l’œuvre, le point aveugle. L’indice du PIB, des camisoles chimiques. Prescriptions de neuroleptiques, jets de gaz lacrymogènes. Des rires féroces, des vomissements chroniques. La fureur populaire, l’actualité en continu. Données de l’économie réelle, La Nouvelle Babylone. Foules de manifestants, civières ensanglantées. Des savoirs militants, des actions collectives. Effets de débordement et de saturation, le retour de la sidération. Un mécréant qui se fait décapiter, une fusillade sur les Champs-Élysées. Attaques coordonnées, couverture médiatique. Dessins d’Andrea Mantegna, territoires dégradés. Un sous-préfet en combinaison stérile qui visite un commissariat. Des dépôts de plaintes, des rapports de police. La partition française, corps fragmentés sur les cimaises. Le périmètre de l’autorité, l’obscénité des orifices. Haleines fétides, lèvres du gouffre. Tampons ensanglantés, actions de guérilla. Une bouteille de Mezcal, je mange un animal. S’achever dans le coma, évanouissement lucide. Short argenté sur les chevilles.

LES TEMPS ET LES FINS Caravage sur la route de Rome, de grands chiens blancs à ses côtés. Plongés dans l’ombre noire. Itinéraire du peintre, coupable d’homicide. Le réel à coups de lame, décollation de saint Jean-Baptiste. Au cœur de l’exposition, des barrières de métal. Les formes qui dominent, le squelette d’un serpent. Une dose de speed, bestiaire hybride. Une tête de singe le crâne ouvert, cuillère plantée dans la cervelle et des sneakers en céramique. L’élection de l’objet, les puissances symboliques. Mosaïques médiévales, des promesses lumineuses. Un écran de smartphone passé à la broyeuse, il y a donc quelque chose. Métamorphose. La vente du premier SMS de l’Histoire, et des questions existentielles. Femme nue au canapé, qui fume une cigarette. Les jambes ouvertes, et l’œuvre avait pour titre :  Le vagin de ma mère, numéro 320. Acrylique sur papier, l’artiste qui donne une interview. Toujours le même format dit-il, c’est peint d’après photo. À la manière de Gustave Courbet. Puissances de la répétition, sa mère est enfermée. En psychiatrie. Catalogue raisonné, un livre inachevé. Une empreinte de surface, l’art n’a de sens que la pratique. L’accueil de la critique, le silence du musée. Des thèmes universels et des pulsions sexuelles. Des fruits phalliques, des femmes-génisses. L’épaisseur de la toile et la reproduction. Des magazines de mode et un médecin légiste. Table de dissection, drainage des résidus. Le poids des organes et la disparition. Images d’une autopsie, la vie se manifeste. Dépouille et vanité, l’installation est inédite. Iconographie des matériaux, nous sommes au cœur du processus. Viktor Orbán qui mange un fœtus, c’est en résine polyester. Tradition sculpturale, un repas cannibale. Socles classiques, Brandt sur Haffner. Un frigo sur un coffre-fort. Événement séminal, l’obsession qui régit. La condition humaine, et une certaine mélancolie. Sautez dans l’urinoir pour y chercher de l’or, je suis vivant et vous êtes morts. Et c’est signé Philip K. Dick.

INSTANTANÉ EN PROSE Jour d’Arès, dieu de la guerre offensive et de la destruction. Fièvre des actions projetées, le récit en avance sur la vie. Les danses qu’on exécute, la place qui est la mienne. Et je suis à Paris. Kimono oversize ouvert, ma bite dans une cage de chasteté. Acier inoxydable, de l’enthousiasme pour le présent. Et celle qui a la clé. Scène d’intérieur, je vais à la fenêtre. Soleil tout feu, joies éphémères. L’ombre à l’angle d’un mur, acharnement vital. L’azur voilé, le triomphe du pervers. Fétiche et tabou, hémoglobine et kérosène. L’invasion de l’Ukraine, la genèse du conflit. L’individu hypermoderne et ses pathologies. Le siège de Kiev et le printemps qui vient. Fresque crépusculaire, l’analyse des experts. Des flammes sur le bitume, l’horizon qui pâlit. Le tee-shirt vert kaki de Volodymyr Zelensky, visage marqué par la fatigue. La vapeur rose sur la crête des collines, la froide paranoïa de Vladimir Poutine. Enjeux de prédation, les orgues de Staline. Quelques récits intimes, des éclairs dans la nuit. Le maître du tonnerre et le passeur des âmes. La Séquence de la fleur de papier de Pier Paolo Pasolini. L’horreur du monde et le fracas des bombes. Une société malade, j’écoute un set de Black Midi. Apocalypse zombie, le rebond de l’épidémie. Les œuvres de Morgan Courtois, l’exposition « Décharge ». Des lys et des iris dans des vases de fortune. Des chemises qui traînent au sol, de l’eau et du shampoing. Des verres abandonnés, ceux qui habitent les caves. Immeubles éventrés, rideaux de noire fumée. Fragments de corps humains dans des globes de cristal. Trois millions de réfugiés, des nuages de mots-clés. Sur les routes de l’exil. Souveraineté et soumission, le point sur la situation. De la sueur et du gaz. Du pétrole et du blé. Trajectoire nominale, la menace nucléaire. Missile intercontinental, des envolées lyriques. Des armes tactiques et des plantes parasites. Botanique poétique, failles de sécurité. Une femme coupée en deux par un tir de roquette, la faire fleurir en terre. Un homme allongé sur un lit d’hôpital, on lui promet une bonne prothèse. Membre fantôme et champ visuel. Des herbes folles, des trous d’obus. Les fleurs que j’aime, des chiens sauvages. Qui errent dans les débris. L’iris jaune des rivières, des souvenirs lointains. Des tas de pierre et l’aube levée. Ellipse temporelle, un futur immédiat. Reconstruction de la cité.

LE VERBE ET LA CHAIR Péripéties d’Ulysse, preneur de Troie. Un chant s’élève, soleils lavés. Le bouquet satellite, après l’Iliade et l’Odyssée. J’aime tous les hommes qui plongent, une brune piquante suce un hardeur bronzé. Éjac faciale, la mort qui rôde. Dans 2000 ans que reste-t-il ? De rares vestiges, les temps anciens. Les dieux pulvérisés, la puissance des empires. Le parchemin tiré de la peau d’un animal. Objets fétiches, musées virtuels. Un ballon de la Coupe du Monde de football 1998 signé par Zinédine Zidane. Une percée architecturale de Gordon Matta-Clark, un piano peint de Bertrand Lavier. Cassé. Lancer des contre-attaques, Sisyphe fut condamné. Se projeter vers l’avant, une perception horizontale. Playlist de Black Metal, le martèlement des riffs. Des villes saintes, des cités disparues. Une esthétique monumentale, de précieux manuscrits. Des langues nouvelles, j’ai un verre à la main. Une soirée dans l’espace, le clone de Thomas Bangalter. Privatise le rooftop d’une navette affrétée par Chanel. Un trip spatial psychédélique, et des mannequins sur le podium. Casqués. La fashion week et l’art antique. Guy-Manuel de Homem-Christo fume un Montecristo, et Apollon envoie la peste. Figures drapées, des corps sauvages. Terreurs funestes. Offrandes rituelles, des fruits étranges. Un homme à tête de chien, penché sur sa béquille. Des fins ultimes, une pandémie. Des substances illicites, des agents infectieux. Des sarcophages envoyés sur la lune. D’obscures révoltes, porter ses masques. Détourner le regard, se tenir à distance. L’air respiré jadis, l’analyse des données. Le mur de Planck l’instant zéro et Kylian Mbappé, en couverture de Numéro. Siècles obscurs, état des lieux. Une femme vaguement défoncée qui lèche les emballages de produits alimentaires dans un hypermarché, et qui se pisse dessus. Un système rationnel, une théorie de gravité. Quantique. Toi tu prends la lumière, comme une photo de Juergen Teller. (Texte publié dans le numéro 11 de la revue Cockpit, avril 2021)

UNE FANTAISIE ÉPIQUE Des héros ordinaires, le récit en puissance. Statues antiques décapitées, assignation à résidence. Les dimensions de la cellule et la hauteur des murs. Des points de deal, la guerre des stups. Coup de feu qui claque, un garçon qui s’écroule. Une balle dans la tête c’est cash, les gyrophares éclairent par flashes, toute la scénographie. Effets psychoactifs, rue du Faubourd Saint-Denis. Couleurs qui clashent. Des mecs qui vivent dans leur bagnole, des odeurs de charogne. Fouillent les bennes des supermarchés, se nourrissent de produits périmés. Désinfection des conteneurs, monographie à l’eau de javel. L’angoisse d’une effrayante normalité, la raison pour laquelle. Pline l’Ancien chez Jeannette, un beat de rap dans une audi R8. Pensées morbides, je chante aussi. Faune interlope je suis une lope, Pieter Brueghel bouffe un kebab. L’enfer c’est dans le bas du tableau, la pluie réelle c’est sur Paris. Dépouilles vidées de leur squelette, qui gisent sur la chaussée. Sculptures sociales, l’œil du pouvoir. Une infection qui traîne, des révoltes qui grondent. Les tropismes habituels, le regard domestiqué. Seul le toucher la main posée rapproche à toucher le tangible. Puissances de libération, mutualité des phénomènes. Résidus de chiotte hypermoderne, protocoles de mutilation. Incisions cutanées, pulsions incontrôlées. L’individu en marge, dépôt de la fiction. Je suis Patricia Arquette, je suis Renee Madison la brune glaciale de Lost Highway. Je suis la blonde explosive, l’actrice porno je suis furtive. Je suis la mariée de la nuit de Quentin Tarantino, le sabre forgé par Hattori Hanzo. Tombée des corps, Uma Thurmann c’est la Kiddo. Kick Ass BabyCall Of Duty jeux vidéos, Blackstar Bowie comme un écho. L’obscurité je vois, le souffle court, le temps qu’il fait. Ce que j’entends voix qui s’affolent. Mon horoscope dans le Parisien, le futur est servi. Cancer 21 juin, faut que je parle à quelqu’un. Gouverné par Mercure. Vérité attendue, je ne veux plus de pensée. Dormir, peut-être. Mater le premier Rambo, déchiré à la colle. Les yeux fermés, merci Rimbaud.

LA PAROLE EN EXCÈS Faire-part de deuil, ce qui a disparu. Les traces de l’ancien monde, dans le silence des musées. Les rideaux de perles de Félix Gonzalez-Torres, que plus rien n’animait. Personne pour en franchir les seuils, plus aucune vibration. Ce qui engendre des passages, la déchirure des foules. De noirs silences, au terme du voyage. Des tableaux sur les murs, rendus à la poussière. Alexander McQueen dans les pages de Vanity Fair, ses pieds vivants sur le sol de l’Enfer. Grammaire visuelle, un cabinet de curiosités. Des poupées démembrées, des créatures ensanglantées. La plaie grattée à l’os, la Divine Comédie. L’Amour qui meut le soleil et les étoiles, au centre de toute vie. Des choses soudaines, des énoncés qui les font advenir. Littérature et société, à une heure incertaine. La graisse humaine, des escarpins en cuir brossé. Fashion-week de Milan, bande-son du défilé Prada. Tracks inédits de Plastikman, dans le vif affuté. Le visible en surrégime, mains gantées des mannequins. Présences tapies dans l’ombre, une garde-robe post-pandémie. Élégance radicale, traverser des pièces vides. Architecture de Rem Koolhaas, une déesse magnétique. Qui passe. Faire l’expérience du temps et de l’espace. Marcher dans la couleur et sur d’épais tapis. Vivre dans l’inhabité, comme un cercle idéal. Coexistence des cadres, un danseur qui s’élance. Merce Cunningham et la précarité. Territoires défrichés, austérité géométrique. La logique du hasard et les données du chronomètre. Perception de l’Histoire, les porteurs de valises. Des inquiétudes étranges, l’énergie du langage. Ce qu’il tente de dessiner. Quels moyens mettre en œuvre, la pente du thématique. Les discours dominants, des objets polémiques. Des enjeux politiques. Les Dieux ne parlent pas, je cite Nicolas Ker. Mais comment les entendre ? Fièvre constante, jugement contre les hommes. Récurrence du motif, où étais-tu quand j’ai fondé la Terre ? Charges du procureur, potentiel dramatique. Les minutes du procès, les pages blanches d’un cahier. Le vers poétique français, des odeurs de cadavre. Une violence singulière.

TERMES DE L’ÉNONCÉ Soleil tout feu, chaque jour qui passe. Dépressions estivales, voix qui s’élèvent des plages. Menaces de contamination, et les fleurs de l’été. L’immense chantier de vivre, remettre une couche de masques. Le schéma vaccinal, la première injection. Pass sanitaire, Baigneuse couchée au bord de la mer. Des vagues nerveuses, un pack de bière. La tête dans l’eau, à même l’image. Une vacance vive, le soir venu. Dîner à Cannes et il me faut. Un Doliprane. Pulsions sensibles et sauce piquante, piments oiseau j’ai donc pensé. Plastique et pathos. Covid et lógos. Identification médiatique de la maladie, des syndromes de détresse. Flux continu, je fixe une ampoule nue. Théologie du coronavirus, posez les mains sur les écrans. Séance de guérison, cercles évangéliques. Expulser le démon, est entré dans nos vies. Ambiances surexposées, des machines carcérales. Appareil génital, l’empreinte de nos activités. Amours épileptiques, missions en intérim. Un ministre effondré, qui passe au maquillage. Futur prochain présent, lumière couleur de gaze. Frissons et céphalées, poussée de fièvre et peur panique. Orage inflammatoire, compression thoracique. Le ministre est placé sous assistance respiratoire. Expérience immersive, des solutions cliniques. Le code patient, jusqu’à ce qu’il s’éteigne. Toilette mortuaire, tableau vivant. Du sang de survivant en vente sur le Dark Web, la bande passante est saturée. Programme détox, volonté de puissance. Se tenir au mileu des choses, la texture de la prose. Des fictions conceptuelles, le style contemporain. Un match de boxe dans un club de strip-tease, c’est signé Anne Imhof. Et l’imminence d’une catastrophe. Un fétichiste du latex en combinaison médicale qui brûle des cierges dans une église, et une poupée en silicone achetée sur Amazon. À l’effigie de Lady Di. Des aides-soignants qui torchent des culs dans les Ehpad, vêtus de sacs-poubelles. Lunes pâles. Mythologies complexes, miroir de cendres et memento mori. Ici tu vas plus loin. L’être exposé contraintes sociales, jusqu’au final ta pierre tombale. La respiration qui retourne à Dieu, c’est Antonin Artaud. L’animal poétique, c’est son dernier tableau. Mener un corps la pompe funèbre, et l’écrivain dans son cercueil. Habillé par Fendi. Un suaire en fripes superposées, des mocassins en cuir vernis. Vas-y Mômo.

MAINTENANT ÉCOUTE Confinement politique, oppositions binaires. Des lieux désaffectés, toute forme d’utopie. Le mot de passe du Wifi, quelques joies éphémères. Des chants énigmatiques et des couleurs toxiques. Vert nucléaire, divinité païennes. Un dossier thématique, tétanie musculaire. Les signes d’une époque et des loups solitaires. Des lames d’acier, des vocations totalitaires. Les tours que l’on érige et les murs que l’on dresse. Le carnage ordinaire et l’espérance de vie. Par toi je change l’or en fer et le paradis en enfer, il a écrit Baudelaire. Les drogues et la pharmacopée, l’expression exigeante de ce qu’il faut accomplir. Gel hydroalcoolique, nature morte en grisaille. Un mec se branle au Grand Amour, il est midi un jour d’hiver. Champ sémantique et il s’astique, main sur la bite et en direct. Sur Internet. Les tentations de la Chair et la noirceur du Mal. La brûlure intérieure, nous frappons à l’aveugle. Au cœur de la bibliothèque, les allées du cimetière. Une épitaphe sur une dalle funéraire. Toute décomposition, le processus de création. Liens constants avec le passé, des influences bien ordonnées. Des positions académiques, des placements monétaires. Vertige obscène des apparences et du pouvoir, vide brûlant de la gloire. Le temps d’Homère, vous ferez donc un récit. D’accord. Figures majeures de la pensée antique, des tueurs qui chassent, une épopée. Findus. Situations les plus figées, c’est une nuit sans étoiles. Traverser un parking, arracher ses piercings. Les lois physiques, une mise à nu. Une écriture des corps, retrouvés dans la danse. Une mise en mouvement, achevée dans la transe. Putain de merde, chacun se place. Et se déplace. Chacun se blesse. Chorégraphie, chacun sa trace. Geste du calligraphe et me voici, pour ainsi dire. Un chien en laisse, je n’écris rien. Le texte en voix. Vitale, esthétique, érotik, résistance (répéter plusieurs fois).